Les extrémistes d'Animal Libération Front auraient déposé un engin explosif dans les locaux d'une entreprise élevant des animaux de laboratoire.
Pour la première fois depuis sa récente émergence en France, l'organisation extrémiste Animal Libération Front (ALF) semble avoir récemment tenté d'actionner un engin explosif dans les locaux de l'entreprise Charles River qui élève des animaux de laboratoire. Découverte dans les décombres de l'incendie qui a dévasté le site de Saint-Germain-sur-l'Arbresle Rhône), le 29 juin dernier, la chaîne de mise à feu a aussitôt été confiée aux spécialistes de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale. Or, les premières analyses dont Le Figaro a pris connaissance révèlent que ce dispositif, notamment composé d'une lampe et d'une bonbonne de gaz pleine et ouverte, est autrement élaboré que les engins incendiaires employés jusqu'à présent par les militants radicaux de la cause animale.
Survenue vers 1h40 du matin, une forte déflagration a provoqué l'écroulement d'une dalle ainsi que la destruction d'une salle de réunion et un violent incendie au rez-de-chaussée du bâtiment principal. Sur un mur des locaux abritant le standard téléphonique, les gendarmes ont vite découvert les lettres ALF inscrites à la peinture rouge. Par ailleurs, trois camions garés sur l'emprise Charles River ont été mis à feu.
«Une affaire sensible à plusieurs titres»
Un trou dans le grillage qui clôt l'enceinte, qui a vraisemblablement permis aux militants de s'y introduire, a enfin été découvert à la périphérie de l'entreprise.
Rapidement, l'ensemble de ces constatations a conduit la section antiterroriste du parquet de Paris à ouvrir une enquête préliminaire confiée à la gendarmerie. Dans la foulée, une cellule baptisée «Capucins 69», qui regroupe cinq enquêteurs de la section de recherches de Lyon et du Bureau de lutte antiterroriste a discrètement été mise sur pied. «C'est une affaire sensible à plusieurs titres, notamment par les caractéristiques de la chaîne de mise à feu, justifie une source proche de l'enquête. En effet, il s'agit d'un dispositif très original et assez élaboré, quoique pas forcément très efficace.»
Il y a quelques jours, comme à leur habitude, les mystérieux activistes d'ALF ont publié un communiqué en français et en anglais sur le site Internet de l'organisation pour revendiquer leur passage à l'acte. «Des engins explosifs ont été utilisés contre un bâtiment administratif ainsi que contre des camions frigorifiques situés dans le plus grand centre de France d'élevage d'animaux destinés à crever sous les scalpels, peut-on notamment y lire. Dans ce camp de concentration, quotidiennement, un nombre incalculable de lapins et de souris… sont incinérés après avoir été torturés pendant des mois. […] Nous n'en avons pas fini avec vous.»
Le 28 avril 2007, déjà, un fabricant de cages installé dans la banlieue lyonnaise avait vu ses locaux dévastés par un incendie également signé ALF. Quelques mois plus tard, de mystérieux militants avaient affirmé sur Internet avoir empoisonné des produits pour lentilles distribués par une filiale de Novartis. «Aujourd'hui, il semble que ces fanatiques aient franchi un seuil», analyse un observateur de la mouvance.
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